Nassau, Bahamas (Mésaventure)

Le vendredi 20 décembre 2019

Nous sommes coincés à Nassau depuis plus d'une semaine à cause d'un front froid (cold front) occasionnant de forts vents du nord-est nous empêchant de descendre vers les autres archipels des Bahamas.


Depuis notre arrivée, nous avions choisi le mouillage (à l'ancre) dans le port de Nassau entre les bateaux de croisières et le pont Sydney Poitier malgré des vents constants de 25 noeuds (environ 50 km/hr) et des rafales de 30 à 32 noeuds.

Notre bateau dansait au bout de sa chaîne d'ancre comme tous les autres bateaux présents dans le bassin. Telle une chorégraphie de nageuses synchronisées.

La plupart des capitaines ne quittaient pas leur bateau afin de pouvoir intervenir si leur bateau chassait (un bateau qui se déplace malgré une ancre).

Un des voiliers Canadien ancré devant le nôtre s'est mis à chasser et son capitaine était absent. Trois capitaines des bateaux avoisinants ont embarqués dans leur dinghy respectif pour tenter d'arrêter le voilier et de le replacer tant bien que mal dans une autre zone du bassin. Ce soir-là, tout le monde surveillait tout le monde et nous avions très hâte que le capitaine de ce bateau revienne pour nous permettre enfin de dormir. Il est finalement très tard en soirée ce qui est selon moi irresponsable. Un bateau qui chasse sans capitaine devient un danger pour les autres et pour lui-même. C'est alors le vent qui le dirige, il risque d'entrer en collision avec un autre bateau et/ou s'échouer. 

Quant à notre bateau et notre fameuse ancre Rocna de 44 livres, il tenait toujours très bien depuis les 6 dernières nuits alors une confiance s'était établie.

Le voilier Dream de nos amis avait chassé 6 à 7 fois la nuit précédente. Ils ont donc décidé de se rendre à la seule marina où il restait une place de disponible.

Comme c'était nuageux depuis plusieurs jours, le panneau solaire ne réussissait pas à recharger  nos batteries. L'autre option pour recharger les batteries est de démarrer le moteur et c'est alors que nous nous sommes rendus compte que l'alternateur du moteur était défectueux. 

Le capitaine Jack est descendu à terre afin de trouver un atelier pour effectuer la réparation. Il est revenu au bateau tout content d'avoir trouvé quelqu'un de disponible et prêt à effectuer la réparation le jour même. Alors il démonta l'alternateur du moteur et avant de repartir avec la pièce défectueuse, il m'avisa que si jamais le bateau chassait, je devrais demander l'aide des bateaux avoisinants et leur dire que le moteur du bateau ne pouvait absolument pas être démarré sans l'alternateur et qu'il faudrait le faire avancer à l'aide de plusieurs dinghy dans une direction sécuritaire et essayer de mettre l'ancre. 

Mon capitaine est revenu au bateau car la réparation de l'alternateur ne serait prête qu'à 15h30. En attendant, nous avions emprunté une génératrice pour recharger nos batteries (nous avons laissé la nôtre à la maison, mauvaise idée). Après quelques heures, la génératrice s'est arrêtée par manque d'essence, le capitaine est alors parti s'en procurer. 

Restée seule au bateau, durant la journée la plus venteuse du front froid, j'étais à l'intérieur sans me préoccuper de vérifier si l'on chassait ou pas. Tout à coup, 2 jeunes hommes sont arrivés en dinghy et sont montés dans le cockpit pour m'aviser que notre bateau chassait. Ils avaient raison, le bateau s'était déplacé d'au moins 300 pieds et nous étions rendus tout prêt d'un vieux et gros bateau de pêche en acier qui ne bouge pas car il possède une ancre à l'avant et à l'arrière. Il me demandèrent la clé du moteur pour démarrer rapidement le moteur afin de nous déplacer en toute urgence mais je leur répétais que nous ne pouvions pas utiliser le moteur, que nous devions le pousser mais je ne réussissait pas à les convaincre. 

La sirène de l'alarme d'ancre s'est alors mise à résonner. Crime que j'avais hâte que mon capitaine revienne! Je tentais de le rejoindre par cellulaire sans succès. Quel soulagement lorsque je l'ai aperçu au loin revenir à toute vitesse en dinghy! C'est la première fois que je voyais mon capitaine nerveux. Je l'étais aussi. Les 2 jeunes hommes, Pierre-Olivier et Éloi, étaient d'un calme rassurant et nous proposait des solutions en nous répétant que ce serait notre décision. 

Malgré le stress qu'apportait cette situation, mon capitaine s'est ressaisi et su reprendre le contrôle de la situation et coordonna les tâches de chacun. Il a contacté un 3e capitaine de bateau pour nous venir en aide (...). Nous avons réussi à déplacer le bateau vers l'ancre à l'aide des dinghys attachés de chaque côtés du bateau. Une fois l'ancre remontée, nous avons dirigé le bateau vers un autre endroit dans le bassin. 

Nous avons jeté l'ancre mais elle ne tenait pas alors le capitaine a ordonné de diriger le voilier vers le quai de Bay Street marina. Nous savions que nous pourrions utiliser un quai d'appoint à cette marina (à 4$ le pied, 40 pieds minimum, frais supplémentaire pour eau et électricité) pour amarrer le bateau si nous en avions besoin. Toutes les autres marinas affichaient complet. Peu importe le prix pour notre sécurité et celle du bateau. 

L'arrivée au quai fût assez rock and roll. Les 2 dinghys de chaque du bateau n'allaient pas à la même vitesse. Durant la manoeuvre pour détacher le dinghy à bâbord, celui à tribord continuait à avancer. Le voilier se dirigeait à 45 degré vers le quai et ce trop rapidement. Par chance, j'avais réussi à lui remettre une amarre de la proue et avec sa force et sa rapidité, il a réussi à nous éviter des dommages importants au bateau.



Nous l'avons échappé belle. Merci à l'employé de la Bay Street marina et surtout à mes 2 anges Pierre-Oliver et Éloi. Une fois le bateau bien amarré solidement au quai, nous avons fait le bilan de notre mésaventure et attendu impatiemment le moment pour récupérer l'alternateur. Le capitaine a réinstallé la pièce et il semble avoir été bien réparé. 


Les bateaux à cette marina sont tous très beaux et très gros. Les propriétaires ne sont pas à bord, il n'y a que les employés qui astiquent soigneusement les bateaux de leur employeur.  

Tout est bien qui finit bien. Plus de peur que de mal. Nous avons été très chanceux que cet événement se soit produit durant le jour. 

Vous comprendrez que durant ces moments stressants, ce n'était pas le temps de prendre des photos.... 

Merci la vie de la chance que l'on a eue!

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